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'J'aime communiquer, informer la population'

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'J'aime communiquer, informer la population'

- Merveille-Noella Mada-Yayoro est journaliste et productrice à Guira FM en République centrafricaine
28 Mai 2021
Merveille-Noella Mada-Yayoro, 29 ans, est journaliste et productrice à Guira FM.
Merveille-Noella Mada-Yayoro, 29 ans, est journaliste et productrice à Guira FM.

Pouvoir communiquer et partager des informations fiables, dit-elle, est sa contribution à la recherche d'une paix durable dans son pays.

Vous êtes journaliste et animatrice à Guira FM, la radio de la mission de maintien de la paix de l'ONU en République centrafricaine. Qu'est-ce qui vous a amené à travailler au sein d'une mission de maintien de la paix ?Ìý

Avec la crise qu'a connue le pays, tous on a cette idée de contribuer au retour définitif de la paix en Centrafrique, d’où cette volonté de travailler pour cette mission, étant donné que c'est une mission qui travaille pour la paix. Donc si je travaille pour cette mission, c'est également pour pouvoir donner ma part de contribution au retour de la paix en Centrafrique.Ìý

Pensez-vous avoir eu un impact avec votre travail ?Ìý

Un impact positif, oui. Les gens qui savent que je suis journaliste viennent souvent me voir pour vérifier des informations. "Pouvez-vous nous dire si c'est vrai ou faux ?" demandent-ils. Même dans mon église, les gens m'appellent de temps en temps pour obtenir des informations fiables. Et si tout le monde vient me demander des informations et des conseils, cela signifie que mon travail et ce que je fais ont un impact quelque part.Ìý

Vous parlez de vos frères dans l'église. Le conflit en République centrafricaine est parfois abordé sous l'angle religieux. Est-ce en échangeant des idées que vous parvenez à trouver un terrain d'entente ?

Dans mon église, je travaille avec des enfants. Nous avons aussi une association qui regroupe les jeunes de l'église où nous avons des discussions hebdomadaires. Ainsi, chaque week-end, nous nous réunissons pendant les répétitions et nous débattons, notamment sur la paix et la cohésion sociale. Nous faisons toujours de notre mieux pour sensibiliser les gens et leur faire comprendre qu'il n'y a jamais eu de crise entre chrétiens et musulmans. C'est une question politique. Que nous avons tous notre place dans ce pays et que nous sommes appelés à travailler ensemble. Ce n'est pas toujours facile.Ìý

Qu'est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail ?Ìý

J'aime communiquer, informer la population, être encore plus proche de la population. Quand je suis à l'antenne à la radio, quand je suis devant le micro, je parle à plusieurs personnes en même temps, et j'aime beaucoup cela. Et ce que j'aime aussi beaucoup, ce sont les reportages sur le terrain parce que j'ai l'occasion de découvrir comment est-ce que les gens vivent à l'intérieur du pays, comment est-ce que les gens sont en train de se battre pour vivre au quotidien.

Est-ce que le fait d'être jeune et d'être femme apporte-t-il quelque chose de particulier à votre travail ?

Oui, ça apporte quelque chose de particulier. Je vais vous donner un exemple. J'ai été affectée à un moment donné à Kaga-Bandoro (une ville située à 245 km au nord de Bangui, la capitale, ndlr), une zone où beaucoup de collègues féminines n'osent pas aller. Mais je vous assure que lorsque je sur le terrain, les gens sont toujours prêts à me donner les informations dont j'ai besoin. Ils disent : "Regarde, elle est jeune. Elle a laissé sa famille à Bangui et a accepté de venir travailler avec nous. On va lui donner toutes les informations". Les gens me contactent, ils essaient d'être proches de moi et d'aider là où ils peuvent et demandent parfois des conseils. Globalement, les gens ont cette préoccupation et veulent aider et vous mettre sur la bonne voie.Ìý

Cela vous permet-il également d'entrer en contact avec les jeunes sur le terrain ? La République centrafricaine a une population très jeune.Ìý

Cela me permet d'être en contact direct avec les jeunes. Parce que je suis jeune, les jeunes viennent vers moi. Nous parlons la même langue et nous pouvons communiquer facilement.Ìý

Dans une interview précédente, vous avez dit "nous voulons tous la paix". Quelle image vous vient souvent à l'esprit lorsque vous y pensez ?

Une fois, j'ai visité un camp de personnes déplacées à l'intérieur du pays et j'ai rencontré un jeune enfant d'environ un an. Il était nu et pleurait et voulait que je le porte dans mes bras, rien que moi, pendant que j'interrogeais sa mère. J'ai donc pris l'enfant et l'ai porté pendant que je menais l'entretien avec la mère. Je me suis dit que si la paix régnait, cet enfant ne vivrait pas dans ce camp. Il serait avec sa famille dans leur maison, vivant en paix, peut-être à Bangui. Alors quand je pense à la paix, je pense à tous ces enfants qui sont déplacés et qui veulent rentrer chez eux.


Cette interview a été éditée et condensée.Ìý

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